BEBE GIRAFE

J'ai animé à la prison des femmes de Berkendael des ateliers de théâtre. Je me suis rappelé de ce chemin allant de chez moi à la rue Berkendael, de cet « avant » et de cet « après ». Je me suis souvenue de cette impuissance, de cette volonté de faire comme si cela n’était qu’un atelier d’acteurs comme les autres. Je me suis souvenue de ces femmes que j’ai côtoyées pendant plusieurs après-midis, je me suis rappelée de l’émotion que je devais contenir et de la pesanteur de ces couloirs. En cours de processus par rapport à ce texte commandé, une idée a alors surgi ; une fille viendrait voir sa mère en prison. Je suis partie de ce postulat de départ. Puis très vite, j’ai développé et j’ai eu envie de rester comme « à l’arrière » de la prison, de laisser « hors champ » le milieu carcéral : être au plus proche de cette femme que j’ai nommée Louise, la laisser en dialogue avec le spectateur le temps de la durée imposée par l’exercice d’écriture et donc au final comme l’indique la dernière phrase du texte : « le temps réglementaire pour les visites » …