LES ARRIERE-MONDES
Serions-nous pareils aux statues délavées des cimetières. Inventerions-nous quelque chose d'inédit, une posture ou une situation nouvelle que notre époque et notre parcours nous auraient inspirés ?
Le projet est né d'une compassion pour les statues solitaires qui peuplent nos cimetières et l'ennui qui les étreint. Toutes ne sont pas figées dans l'affliction, la plupart ont plutôt été sculptées pour incarner les espoirs d'éternité, les rêves de beauté pure des hommes et des femmes, avec des angélismes de pierre dont la sensualité ou l'abandon disent assez le défi que la chair pose à la mort. Mais voilà, les cimetières ne sont guère fréquentés, les morts n'ont pas la conversation facule et le temps passe monotone et sans émoi. Les intempéries écaillent les statues et les décolorent, le froid les ronge. On aimerait voir la vie s'insinuer en elles, leurs yeux s'ouvrir à la place des défunts et leur corps se relancer dans le mouvement. Et si nous avions à imaginer notre "statue finale" quelle serait-elle ? Au-delà de cette question, bien d'autres s'enchaînent... Qui aurions-nous envie de croiser à cet instant dernier ? Avec qui souhaiterions-nous être vu ? Avec qui voudrions-nous être ? Quels instincts se libèreraient-ils alors ? Quelles retenues soudain nous prendraient ?