SAUVAGE EST CELUI QUI SE SAUVE
Trois femmes nous font face et l’une d’entre elles peint. Elles sont venues raconter l’histoire de Celle qui écrit. Celle dont le frère était arrivé de Corée du Sud, un jour d’enfance, dans le Brabant wallon. Celle dont le frère est mort quelques années plus tard, à 31 ans, en 1997. Un frère qui aujourd’hui lui glisse à l’oreille : Dis ce que j'ai reçu. Ne fais pas semblant qu'il n'y a pas eu de joie. Notre adaptation ne réécrit rien : elle coupe et répartit le texte entre les trois interprètes au plateau. Notre approche du texte au plateau est polyphonique : chaque interprète prend en charge plusieurs figures fictionnelles et chaque figure fictionnelle est prise en charge par plusieurs interprètes. La parole bondit d’un corps à l’autre. Les albums Low, Heroes et Lodger forment la « trilogie berlinoise » de David Bowie, élaborée entre 1977 et 1979. Les passages instrumentaux de ces trois oeuvres composeront la bande-son de notre spectacle, à la fois narrative et atmosphérique, rugueuse et sensible, expérimentale et généreuse, ancrée dans son époque et terriblement contemporaine. Nous chercherons, à travers les gestes à transposer sur scène les « blancs » qui, dans le livre, suivent et prolongent chaque fragment. À chacun des six chapitres correspondra, peut-être, une image repeinte par l’un des personnages. Ces six images, superposées comme autant de calques, laisseront en apparaitre une septième à l’issue du spectacle, l’image qui contient toutes les autres, qui tend vers l’abstraction et fait écho à cette phrase de la fin du livre : À travers le néant, son visage fait signe.