FLASH

Thierry Smits conçoit Flash pour un seul danseur et chanteur, Mimbi Lubansu, fraîchement issu de PARTS, avec lequel le chorégraphe a déjà travaillé alors que Mimbi n’avait que seize ans. Un solo, certes, mais dans une installation scénographique monumentale conçue par le scénographe-plasticien Stéphane Arcas, qui imagine un lieu dystopique, une architecture humaine où toute activité s’est arrêtée. Dans cet espace déclassé, traversé par les lumières sophistiquées de Nicolas Simonin – faisant notamment emploi de différentes matières incandescentes – et rythmé par les musiques électroniques de Matteo Melan, ce qui est en jeu, c’est l’inattendu et l’éphémère, et ce que ces instants inopinés et fugitifs nous donnent comme ravissement ou comme tristesse.
L’inattendu : ce qui surgit alors que rien ne nous le laissait imaginer et que nous ne pouvons contrôler : le coup de foudre, le ravissement esthétique ou l’extase mystique. L’éphémère : l’éclipse de l’astre, l’orgasme sexuel, le saut à l’élastique ou le goût passager de ce que nous ingérons… Nous savons que ces moments ne dureront pas, nous en éprouvons une joie extrême, aussitôt suivie par la nostalgie de ce moment si vite passé (que parfois nous tentons de reproduire, de prolonger).
Ces thématiques sont portées par un danseur et chanteur dont la fraicheur juvénile est éclatante, l’énergie charismatique. Mais sa jeunesse même, sa beauté sont éphémères, et le spectacle va travailler à leur destruction progressive. En commençant dans l’élégance d’un crooner, pour terminer dénudé. En partant d’un corps idéal, pour aller vers une forme de disparition. En se dépouillant d’une harmonie superficielle pour rechercher une beauté introspective. En entraînant la « belle » danse et la « jolie » voix du départ dans un violent processus de démembrement, les amenant à l’épuisement absolu – jusqu’à l’immobile et silencieuse absence de danse et de chant.