Bruxelles, Printemps Noir
Des bombes explosent à l’aéroport et dans le métro. La mort passe, elle ramasse ce qui désormais lui appartient. Des corps pour commencer, mais aussi des espoirs, des projets, des peurs, des illusions. Comment le dire au théâtre, par des moyens de théâtre ? Comment greffer de l’imaginaire sur des données aussi brutales ? Comment la fiction peut-elle approcher le réel ? Y aura-t-il une morale ? Non, pas de morale. On ne veut pas faire les malins, on ne dit pas qu’on sait, qu’on a compris, qu’on peut expliquer, qu’on a des solutions. Un théâtre de consolation ne nous intéresse pas. Mais un théâtre qui approche, qui mesure, qui prend sa distance, qui relance et qui jouit d’être théâtre, oui ; un théâtre de l’hétérogène - résolument ! qui cherche et se cherche dans le fragment ; théâtre, et pas documentaire pour Arte, et pas débat pour soirée électorale, et pas leçon de savoir politique par ceux qui ont toujours déjà compris, et pas bêlements compassionnels, et pas morosité programmée pour cause de décès. Juste prendre l’évènement entre ses doigts, faire pivoter les facettes de l’objet, s’attacher à ses résonances, déplacer le regard, repérer quelques parcours de l’onde de choc, passer du micro au macro, parfois rire avec le malheur (c’est pas quand on sera mort qu’on pourra le faire !), et laisser le spectateur à son travail : investir de son émotion, de son intelligence les traces que le plateau propose.