Ce qui arriva quand Nora quitta son mari
« Il n’y a pas de temps pour l’amour maintenant, juste pour se trouver soi-même. »
Une femme peut-elle être sujet ou est-elle condamnée à n’être qu’objet ? En donnant une suite à Maison de poupée d’Ibsen, Elfriede Jelinek, femme de lettres autrichienne et prix Nobel de littérature en 2004 veut, avec cette pièce, qu’elle situe à la fin des années vingt, en pleine montée du fascisme, pertinemment poser la question aux femmes et aux hommes. On suit Nora quittant le foyer conjugal pour tenter de mener sa vie. Elle qui veut se réaliser. La voilà ouvrière un temps avant de tomber dans les bras d’un industriel qui la remarque alors qu’elle danse une tarentelle. Il la cédera au ministre qui trouvant que sa beauté se fane, la quittera. Et Nora retrouvera son mari... Les hommes ne répondent qu’aux impératifs de l’économie de marché et Nora n’est qu’un objet de plus sur lequel spéculer.
En dix-huit scènes, Elfriede Jelinek s’empare du mythe de Nora pour montrer la complexité de la situation des femmes, en évitant toute simplification et travaille les clichés et les visions patriarcales sur les femmes : épouse, mère, danseuse, prostituée dominatrice... Dix actrices joueront tous les rôles féminins et masculins interrogeant la crudité des rapports de pouvoir dans une société consumériste.