IVANOV
C’est une société au bord du gouffre dans laquelle nous entraîne Tchekhov, faite d’hommes et de femmes à l’esprit petit-bourgeois, qui s'ennuient et s'enlisent, hypocrites, roublards, antisémites, avides d'argent, de plaisirs et de ragots.
Au sein de cette société à l’arrêt, Ivanov, homme de contradictions et de paradoxes, incapable d'aimer, ruiné financièrement, souffre et se débat. Au pied du mur de son impuissance coupable, cette lutte l'épuise. Rongé d'ennui, dévoré par la culpabilité et désespérément seul, il veut comprendre ce qui lui est arrivé, ce qui lui arrive et ce qui arrive au monde qui est le sien, qu'il ne reconnaît pas ou plus et auquel il n'adhère pas ou plus. Tout au long de la pièce il cherche les raisons de tout cela.
C'est cela qui nous intéresse dans lvanov.
La quête désespérée de s'élever au-dessus de la mêlée. De trouver des réponses aux questions existentielle et un sens à l’ici-bas. C'est de cet Ivanov, incapable d’accorder rêves généreux et exigences de la réalité, c'est de cet homme-là dont le spectacle parlera. De ce « monsieur tout le monde » qui n'a rien d'un héros romantique, qui refuse de jeter l'éponge, de cet être humain qui a honte de sa désespérance.
Un Ivanov contemporain donc, psychodrame d'un homme moderne, empêtré dans sa douleur existentielle et usé par sa lucidité.