LE CHEVALIER D’EON
Parmi les grands travestis de l’histoire, Charles Geneviève Louis Auguste André Timothée d’Eon de Beaumont, dit Le chevalier d’Eon, est certainement celui qui demeure le plus énigmatique et suscita une grande controverse en préservant jusqu’à la fin de sa vie l’ambiguïté au sujet de son sexe. Né à Tonnerre en 1728, il y commence des études qu’il poursuivra ensuite à Paris. Diplômé en droit civil et en droit canon, il s’inscrit comme avocat au Parlement de Paris le 22 août 1748. Homme aux traits délicats, excellent cavalier et fine lame, il est aussi l’auteur doué de Considérations Historiques et Politiques, ouvrage remarqué qui lui vaut d’être connu de l’entourage du roi Louis XV qui le nommera censeur royal pour l’Histoire et les Belles-Lettres. La légende raconte que, déguisé en femme lors d’un bal, il aurait subjugué Louis XV. Recruté dans les services secrets du roi, il est envoyé comme espion à la cour de Russie. La mission qui lui est confiée est délicate puisqu’il il doit gagner la confiance de la tsarine Elisabeth, à l’insu de son entourage, afin de conclure un traité d’alliance pour rétablir les relations diplomatiques entre la France et la Russie, ce qu’il réussit avec brio sous les traits de Lia de Beaumont. Il se verra récompensé par le souverain qui lui donnera le brevet de Capitaine de Dragons en 1760. La pièce de Thierry Debroux nous conte cet épisode captivant de la vie de Beaumont, évoquant par sa structure les pièces historiques de Shakespeare. L’auteur excelle à insuffler humour et sensibilité à la légende du chevalier, offrant ainsi à la tradition des pièces de cape et d’épée une modernité jubilatoire.