Métamorphoses
«Je me propose de dire les métamorphoses des formes en des corps nouveaux » C’est par ces mots que s’ouvre le long poème d’Ovide, qui conte deux cent trente et une histoires de métamorphoses. Vaste récit, où se bousculent, dans un agencement improbable, des légendes et les fragments réécrits des grandes voix du passé: Homère, Hésiode, les Tragiques grecs, Lucrèce et Virgile... On y croise des dieux, des héros et des hommes qui, soumis à l’action de la passion, se transforment. Animaux, arbres, fleurs, pierres, rivières ou souffles : rien ne perdure et tout se transforme... « Il n’y a rien de stable dans l’univers entier ; tout passe, toutes les formes ne sont faites que pour aller et venir. Ce que nous avons été, ce que nous sommes, nous ne le serrons plus demain. » L’œuvre fut une source d’inspiration majeure durant la Renaissance et l’époque baroque, particulièrement dans la peinture et en musique. Convoquer cette matière sur un plateau de théâtre aujourd’hui suppose de lui faire subir à son tour une métamorphose, une transformation qui lui confère une actualité, une raison d’être qui soit autre que purement muséale. Le projet propose une cohabitation dynamique entre les récits d’Ovide et une pensée contemporaine qui redéfinit la notion du vivant. Sujet, dont s’emparent la philosophie, l’éthologie, l’écologie et les approches somatiques ... Au-delà des mots, il s’agit d’inventer une forme théâtrale hybride, qui convoque l’événement de la métamorphose et l’émotion qui l’accompagne. Invitation à voir... A voir un quelque chose muter, devenir un tout autre. Le plateau de théâtre, tel un grand laboratoire, pour explorer l’impermanence, le flux du désir et du vivant...