PORTRAITS SANS PAYSAGE
Accueil. Deux syllabes qui sonnent comme une promesse de rencontre, d’hospitalité. Pas pour les réfugiés. Dans nos sociétés occidentales, en effet, l’accueil des exilés draine à sa suite enfermement, surveillance et absence de perspective pour les personnes déracinées.
Depuis plusieurs années, le Nimis groupe questionne les enjeux liés à la migration. En 2016, leur premier spectacle, Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu interrogeait les politiques migratoires de l’Union européenne et leurs incidences économiques. Avec Portraits sans paysage, le collectif se penche sur les dispositifs d’enfermement pour étrangers et décortique les rouages du travail humanitaire qui se déploie dans la plupart des camps du monde. Même dans les options les plus souples – comme les centres ouverts – le sort qui est réservé aux exilés implique souvent la privation de liberté. L’étranger est soustrait au regard, placé sciemment dans l’angle mort de nos démocraties. Sa gestion n’en est pour autant pas dénuée d’intérêt car l’humanitaire, non sans cynisme, est devenu un business comme un autre. Dans le but d’optimiser cette aide, de la rendre soi-disant plus efficace, des dispositifs numériques et biométriques se déploient aujourd’hui dans les camps par des sociétés qui remportent des marchés. L’humain s’efface pour faire place à la collecte de données.
Par le biais de l’investigation théâtrale, Portraits sans paysage convoquera sur scène des témoignages, des prises de paroles. Le spectacle scrutera le système de ces camps de l’intérieur en écoutant les personnes qui s’y trouvent enfermées ou qui y travaillent : des détenus, des exilés, des travailleurs sociaux, des humanitaires (ONG ou HCR), des juristes, des psychologues, des policiers, mais aussi des bénévoles, des hébergeurs…