VILLA DOLOROSA
"Qu'est ce que j'peux faire ? J'sais pas quoi faire" pourrait être l'antienne des enfants de la famille, ironiquement dénommée, Freudenbach (ruisseau de joie). Irinia, Macha, Olga et André doivent leurs prénoms à des parents rossophiles admirateurs de Tchekhov. Dans leur monde, où leur culture ne leur semble d'aucune aide, puisqu'à l'ère du matérialisme effréné il n'y a plus de place pour l'utopie, ils semblent tous vaincus par l'apathie, incapables de donner un sens à leurs vies, de trouver le bonheur ou quelque apaisement. D'anniversaire en anniversaire, Irina, éternelle étudiante ayant du mal à quitter son lit, se plaindra de la musique, des invités, des cadeaux reçus... Olga, enseignante, deviendra directrice d'école, Macha s'étiole dans un mariage sans amour et voit son amant l'abandonner. André oubliera d'écrire, accaparé par la nécessité de gagner de l'argent pour faire vivre sa famille. Des "trois soeurs" de Tchekhov, Rebekka Kricheldorf conserve l'atmosphère de désillusion face à un monde en transition. Et si une grande mélancolie sourd au gré du texte, une ironie féroce emporte les propos d'une génération en manque d'idéal dans un monde qui offre peu de perspectives.