Y'a pas grand-chose qui me révolte pour le moment
Jusqu’il y a peu, tout était assez simple. La violence était violente, le mensonge était quelque chose de moche, les garçons-vachers couraient après les vaches, les parents faisaient ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants, les histoires tristes faisaient pleurer, les mots étaient dits comme ils se prononcent, un bon moral était déterminant contre le cancer et le cerf-volant était avant tout un hobby. Bref, la réalité était réelle et tout ce qu’on vivait était vrai. Et puis…
Et puis, soudain, la confiance s’est ébranlée. Le mensonge est aussi vieux que le monde mais on n’a jamais autant menti que de nos jours. Mentir serait-il, plus que le rire, devenu le propre de l’homme ? Pourquoi la réalité ne pourrait d’ailleurs pas mentir, se truquer, se construire, nous duper ? Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ?
Déstabilisés dans leur confiance en la réalité, Alexis Armengol, Ludovic Barth et Mathylde Demarez sont tombés dans le sousréalisme. Ils sont allés regarder dans les dessous, là où se situe une vision intérieure de soi, où « je est un autre », pour concevoir avec beaucoup d’application un spectacle minimaliste où le moins est un plus …
Y a pas grand-chose qui me révolte pour le moment est, comme son titre l’indique, un spectacle-placebo ; un road-movie alternatif où le réel fonce à toute vitesse contre un mur construit en plein milieu d’une autoroute ; un huis-clos fantastique d’où les animaux sont curieusement absents, et où les individus traînent sous les jupes de la réalité ; une installation dynamique qui fait coexister l’impudeur, la tragédie, la politesse ; un jeu dangereux où les règles changent ; un amusement avec le faux qui est plus vrai et plus beau que le vrai.