CABOTS MORDUS
Louis et Victor sont deux frères, vivant ensemble sous le même toit, dans le souvenir de leur mère chérie. Tous deux sont acteurs, l’aîné fréquente les grands textes - Shakespeare, Musset et consorts -, le cadet performe tout nu peint en bleu. À la fois pathétiques, insupportables, comiques et bouleversants, cousins de Laurel et Hardy, du clown blanc et de l’auguste, de Didi et Gogo, ils ont un âge moyen, une vie moyenne, un salaire moyen et des allocations de chômage moyennes, des combats perdus et de vraies questions, des rêves sublimes et des songes extravagants. Ils naviguent sans boussole, à marée basse ou par avis de tempête, dans un temps qui désormais les ignore, loin de celui où Sarah Bernhardt sillonnait le monde telle une rockstar. Leur restent une irrévérence bouffonne à dénuder le roi et à traquer l’imposteur, un appétit féroce d’en découdre avec la bêtise et le temps qui va, le verbe dont ils font bombance, une humanité tantôt à fleur de peau, tantôt enfouie sous les railleries, l’envie de tout quitter pour gagner la falaise, et une chanson qu’ils reprennent de temps à autre, où il est question d’un chemin pour le next whiskey bar. Gageons qu’ils finiront l’un et l’autre par le trouver et d’y boire à la santé de Dionysos, dieu de l’ivresse.