JUSTICE
À la croisée du document judiciaire et de la fiction, Justice suit le parcours d’un homme atteint du syndrome de Down (ou trisomie 21) qui a commis un crime et qui refuse le destin tout tracé auquel son statut de « personne pénalement irresponsable » le condamne : il veut être jugé pour ses actes. La seule manière d’échapper au sentiment de ne pas être considéré comme « une personne à part entière » ou en tout cas comme n’appartenant pas à la communauté des humains en tant que tel n’est-elle pas d’imaginer un procès équitable ? Tout simplement, avoir le droit d’être reconnu coupable ou non ? Justice fait se rencontrer cet homme – interprété par un acteur professionnel atteint du syndrome de Down – et une juge d’instruction – interprétée par une actrice professionnelle « valide » – avec lesquel·les, nous allons mener l’enquête. Au fur et à mesure, le réalisme narratif emprunté à la procédure judiciaire se change en un procès fictif et cathartique sur la scène, l’esthétique évoluant vers la fiction pure qui met à mal l’équilibre. Les rôles s’inversent progressivement, jusqu’à ce que la juge elle-même soit jugée par l’accusé. Quel nouveau paradigme de justice osons-nous ici construire ?